L'INREES (institut de recherche sur les expériences extraordinaires) a publié le 12/12/2017 un article sur les enfants hypersensibles, précoces, autistes ou dotés de capacités extra-sensorielles qui tend à vouloir démontrer l'aube d'une nouvelle humanité. Dans cet article, au moins les termes d'enfants indigos, cristal et arc-en-ciels ne sont pas utilisés. Pour autant les pédopsychiatres et psychologues cités dans l'article ont un vocabulaire qui prend clairement sa source dans cette nouvelle vague New Age 2.0 du type "Quand j’explique à ces enfants que nous appartenons à une conscience supérieure, ils cessent de se sentir des intrus" ou " Ils sont en phase avec une évolution vibratoire de l’Univers" .
Étudions par exemple simplement le premier paragraphe : Le docteur Lombard reçoit dans son cabinet un jeune garçon bon à l'école, mais qui se fiche de tout. La notion du « tout » est déjà assez vague mais c'est en résonance avec l'article qui tend à mettre les enfants précoces, autistes, hyperactifs, hypersensibles et autres dans le même panier. L'analyse précise et sérieuse ne semble pas beaucoup faire parti du travail de recherche.
Le médecin le soumet à la base à une vingtaine de questions existentielles mais nous en n'aurons le droit qu'à 3 d'entre elles dans l'article comme vous allez le voir plutôt orientées .
« Pourquoi vient-on sur Terre, quel est le sens de la vie ? » .
L'enfant peut en effet avoir un avis sur le sujet ou en l'encourageant à en trouver un. C'est d'ailleurs ce dernier qui s'est passé.
L’enfant sembla déstabilisé, mais il l’encouragea : « Ferme les yeux, va au fond de toi, prends ton temps, tu connais la réponse. » . Au bout de quelques minutes, les yeux pleins de larmes, le garçon répondit : « Pour aimer » .
On en revient ici à la notion d'amour inconditionnel chère aux pseudos-spirituels d'aujourd'hui. On comprend du coup pourquoi l'auteur de l'article utilise cet exemple. A savoir que quand une personne vous parle d'amour inconditionnel et d'autant plus de manière répété c'est que la haine inconditionnelle n'est pas bien loin. Il n'y a pas d'équilibre dans les extrêmes qu'ils soient interprétés bon ou mauvais.
Le Dr Lombard enchaîna : « Quand es-tu le plus heureux ? » Quand il jouait au basket. « Preuve d’un besoin de communion », analysa le médecin.
On notera l'analyse toute faite et qui arrange bien le médecin pour démontrer ses propres croyances d'une nouvelle génération d'enfant qui viendrait mettre fin à une humanité actuelle mauvaise et destructrice en privilégiant l'unité à la dualité comme c'est d'ailleurs précisé un peu plus loin dans l'article.
Le médecin poursuit : « Si une très bonne amie de ta maman t’invitait deux mois en Italie, tu irais ? »Oui, « tout de suite », s’exclama l’enfant.
On pourrait en dire beaucoup sur ce type de question à un jeune garçon mais on va s'attarder ou réinterpréter cet échange d'une manière plus réaliste quand on connaît le fonctionnement d'un enfant. Pour cela je vais d'ailleurs m'aider d'un échange réel entre un père et son jeune fils.
Un père s'apprête à faire la vaisselle et demande à son jeune garçon de venir l'aider à faire la vaisselle alors que le gamin est à ce moment là en train de jouer. Son fils lui répond « Non ». Le père monte le ton et son fils répond toujours « Non ». Le père se calme et demande à son fils ce qu'il a compris quand il lui a demandé de venir faire la vaisselle. Le garçon répond qu'il a compris que son père lui demandait d'arrêter de jouer, ce qu'il ne voulait pas. Le « Non » du garçon n'avait pas grand chose à voir avec la véritable demande du père.
Maintenant, réinterprétons l'échange entre le pédopsychiatre et le jeune garçon. Quand le pédopsychiatre demande à l'enfant : « Pourquoi vient-on sur Terre, quel est le sens de la vie ? » , l'enfant semble déstabilisé ou doit bien se demander ce que c'est que cette question. Puis en poussant l'enfant à trouver une réponse, il fait pleurer l'enfant qui n'est pas content d'être là et qui voudrait sûrement être ailleurs. Celui-ci répond « Pour aimer » . Il est clair que quand on demande à un enfant de faire quelque chose qu'il n'a pas envie de faire, il ne va pas se sentir compris et aimé pour ne pas dire respecté par rapport à ses besoins du moment. De plus, un enfant fonctionne souvent au présent et par rapport à ce qu'il a dans la tête à un instant T.
D'où la suite de l'échange : « Quand es-tu le plus heureux ? » . On a pas la réponse claire mais on nous dit dans l'article que c'est quand il jouait au basket. Au moment de cet échange, il ne serait pas du tout incohérent de penser que l'enfant ne pense qu'à une chose, c'est justement d'aller jouer au basket. On le comprend.
Enfin à la question : « Si une très bonne amie de ta maman t’invitait deux mois en Italie, tu irais ? », celui-ci répond « tout de suite » .
Une réponse bien rapide et bien affirmative. C'est à se demander s'il ne répond pas plutôt à un souhait de quitter tout de suite la séance avec le docteur car il y a la notion de partir dans la question.
Si on réinterprète les réponses de l'enfant, cela pourrait donner : C'est quoi ces questions ? J'ai pas envie d'être là à répondre à ces questions. Je ne me sens pas bien. Moi je veux aller jouer au basket et tout de suite !
Mon interprétation n'est peut-être pas juste à 100% mais elle semble déjà plus réaliste quand on connaît un minimum le fonctionnement d'un enfant.
Le deuxième paragraphe affiche directement la direction orientée New Age prise par le médecin et en plus arrive à manifestement amadouer cet enfant en lui proposant de rejoindre d'autres enfants de son âge qui se posent beaucoup de questions manifestement. Mais les enfants se posent souvent des questions par nature. Il est seulement préférable qu'il se pose des questions par eux-mêmes car ils veulent apprendre et non répondre à des questions orientées posés par des adultes qui vont du coup les envoyer dans une direction bien spécifique et extrême qui peut avoir de nombreuses conséquences néfastes pour leur évolution futur. Le Dr Lombard précise qu'il faut se méfier des étiquettes. Personnellement, je dirais qu'il faut surtout se méfier des questions orientées.
On pourrait décortiquer comme çà tout l'article mais le début de l'article donne suffisamment le ton et une direction que je ne connais que trop bien l'ayant moi-même expérimentée.
Avec le dernier paragraphe de cet article où le docteur Lombard précise (ce qui est le comble !) : « L’essentiel est de veiller à ne pas leur forger de fausse personnalité, commente le Dr Lombard. Il ne faut rien induire, simplement écouter et recevoir, pour qu’ils se sentent compris ».
Ah bon, parce que vos questions Mr Lombard ne sont pas induites ? Où est l'écoute et la simple réception dans tout çà quand on force un enfant à répondre à des questions orientées ?
Enfin concernant la phrase : « Ces jeunes sont symptomatiques de l’émergence d’une intelligence émotionnelle... », ils ne sont pas symptomatiques de l'émergence d'une intelligence émotionnelle qui en fait d'eux l'avenir d'une humanité plus dans l'amour et la paix, mais ils sont bien symptomatiques d'une émergence émotionnelle qui doit avoir de nombreuses origines et différentes selon les cas car mettre dans le même panier les autistes, les surdoués, les hypersensibles et les enfants dotés de capacités extra-sensoriels c'est prendre un bien grand raccourci d'autant plus de la part d'un médecin. Ou alors c'est l'auteur de l'article qui rajoute une couche et mélange comme çà l'arrange différents cas.
Pour terminer, suite à cet article une personne sur Facebook a posé la question suivante à laquelle l'INREES a répondu.
J'ai donc cliqué sur ce lien (ce que je vous invite à faire) et l'on tombe sur un formulaire tout ce qu'il y a de plus banal à remplir et qui se trouve dans la catégorie « Mes témoignages extraordinaires ». ????. Manifestement le fameux réseau d'écoute psychologique n'existe pas car çà m'étonnerait qu'il ait disparu depuis le 8 juin 2018 date du post sur FB.
Je pense que cette personne a sans doute reçu une réponse en remplissant le formulaire standard tout de même mais elle a dû rencontrer quelques difficultés pour trouver leur fameux réseau d'écoute psychologique spécialisé.